jeudi 16 août 2007

L'image se trouve dans votre tête

Un désert d’airain, un univers d’ailleurs, provenant des confins d’un regard, d’un angle. L’approche est saillante. C’est un regard neuf posé sur du bitume, au devant des poutres qui suivent la perspective jusqu'à se perdre en un point. De la lumière. Non plus éclairante mais éblouissante. Ne sont-ce pas là les astres de la modernité…furieuse modernité. Ton espace est la nuit avancée, recluse sur elle-même. Pas de témoin, pas un bruit, le pas de l’homme s’est tari, sa place même dédite. Un cri dans le désert, étouffé à la naissance. Le silence est bon parfois, surtout la nuit. Le bruit, on n’en ressent que l’écho lointain délaissé là, par le jour trépassé.
Un sens, l’ouie, mort, pour que d’autres émergent. Une acuité visuelle sans borne autre que les éclats de lumière provenant du fond. Rouge. Comme de la dynamite. Dynamiter la vue, et faire un cadeau, une surprise au regardeur. Illumination, l’objectif comme objet de la voyance, cela va sans dire.
Et les ombres tapies en de sombres recoins, s’affirment dans la nuit, prennent place à côté de ce monde étincelant.
Les structures s’imbriquent les unes sur les autres, fourmillent les détails, éclate ce qui, le jour n’est que de l’utile. C’est une emprunte d’éternité, le sublime a été préservé, la photo en est la trace indélébile. Et cela le temps d’une pose, «deux minutes», sans aucun doute ça se reconnaît, deux minutes d’exposition. Non?
Les charpentes ont révélé leur beauté, mâle. Elle rouille, passe avec le temps. Elle a une odeur, amère. Elle est monumentale.
Mais voyez, c’est au cœur de la bête que vous jette l’image dans l’antre de l’urbanisme. Son industrie, ses rêves d’élévation, de toute puissance. Et l’on est rien, l’homme n’est rien en comparaison… cependant la photo contraint la bête, qui sous les regards s’assagit. Figée, hors du temps ou plutôt en un instant, pris dans son propre mouvement…à jamais.

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